DÉCLARATION PUBLIQUE DE L’ACÉLAC SUR LES VISAS POUR LES UNIVERSITAIRES LATINO-AMÉRICAIN-E-S ET DES CARAÏBES
Monsieur le Premier ministre Justin Trudeau,
Au nom de l’Association canadienne des études latino-américaines et des Caraïbes (ACÉLAC), nous vous écrivons afin de vous faire part de nos inquiétudes concernant le processus canadien de demande de visas pour les universitaires provenant de l’Amérique latine et des Caraïbes qui visiter le Canada pour assister à des réunions et conférences scientifiques. Notre association a tenu, du 10 au 12 mai 2019, son 50e Congrès annuel à l’Université York de Toronto, un événement marquant pour les études latino-américaines et caribéennes au Canada. Malheureusement, quatre éminents chercheurs latino-américains — trois cubains et un brésilien — n’ont jamais reçu leur visa leur permettant de venir au Canada, et ce, en dépit du fait qu’ils ont entrepris le processus trois mois à l’avance tout en payant leurs frais de voyage et de séjour.
Dans le cas des universitaires cubains, le traitement reçu de la part de la section des visas de l’ambassade canadienne à La Havane a été cavalier et irrespectueux. Le gouvernement canadien les a informés que leurs visas ne seraient pas traités et qu’ils devraient présenter une nouvelle demande à l’extérieur de Cuba seulement le 8 mai 2019, deux jours à peine avant le début du Congrès. Cette ligne de conduite ne répond pas aux standards que nous attendons et que nous exigeons de la fonction publique canadienne.
Nous avons vivement ressenti l’absence de ces chercheurs latino-américains et nous l’avons vivement débattu lors de notre conférence. À l’ACÉLAC, nous estimons que l’incapacité du Canada à délivrer opportunément leurs visas nuit à notre mission qui consiste à favoriser le développement continu d’une communauté intellectuelle internationale dynamique basée au Canada, à soutenir la recherche et l’enseignement ainsi qu’à fournir l’infrastructure et la capacité nécessaires pour faciliter la mobilisation des connaissances et les engagements stratégiques au Canada et ailleurs.
L’ACÉLAC travaille de concert avec des communautés d’Amérique latine et des Caraïbes, des ONG, des instituts de recherche et des universitaires internationaux. De plus, notre association s’efforce d’informer les décideurs et les organismes des secteurs public et privé à travers ses événements, ses publications, ses réseaux de communication et ses ressources virtuelles. Ce faisant, nous contribuons au développement de réseaux canadiens solides et durables en Amérique latine et dans les Caraïbes tout en apportant au rayonnement de l’image et l’influence du Canada dans la région. En ce sens, le fait que le Canada ne puisse pas accorder de visas aux chercheur-e-s d’Amérique latine et des Caraïbes en temps opportun et de façon respectueuse ne peut être que compris comme un échec.
Nous vous exhortons à faire en sorte que le processus de délivrance des visas canadiens ne fasse plus jamais obstacle aux activités savantes, à la liberté de pensée et au débat critique. La liberté scientifique ne peut que promouvoir et développer les intérêts canadiens au pays et à l’étranger : elle est d’une importance cruciale pour le maintien d’excellentes relations politiques, économiques et culturelles avec les pays d’Amérique latine et des Caraïbes.
Cordialement,
Le Conseil d’administration de l’Association canadienne des études latino-américaines et des Caraïbes.